L’activité sportive : un ingrédient actif d’une meilleure perception de soi (G. Imbeault)
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Une nouvelle de vulgarisation scientifique
Depuis qu’Annabelle fait partie de l’équipe de course à pied de son école, ses parents ont constaté qu’elle s’est créée de nombreuses nouvelles amitiés, qu’elle semble moins tendue et que ses résultats scolaires se sont améliorés. Les parents d’Annabelle se questionnent donc à savoir si l’adhésion de leur fille à cette équipe sportive est liée aux changements positifs qu’ils observent.
Effets positifs associés à la pratique d’activités sportives
Il est connu que la pratique d’activités sportives génère de multiples effets positifs à l’adolescence. Outre les bénéfices sur le plan physique, on dénote une amélioration des compétences sociales, une bonne estime de soi globale, un bon rendement académique ainsi qu’une meilleure stabilité émotionnelle. Toutefois, peu de recherches ont été menées auprès des adolescents relativement aux effets de la pratique d’activités sportives sur la perception de soi.
La perception de soi, c’est quoi?
La perception de soi fait référence au regard que pose une personne sur les dimensions académiques, sociales, athlétiques, physiques ou comportementales qui composent son concept de soi.
Des améliorations sur plusieurs sphères
Catherine Laurier, professeure au département de psychoéducation de l’Université de Sherbrooke, et ses collaboratrices ont exploré les effets de la pratique d’activités sportives sur la perception de soi en rencontrant 15 jeunes, six garçons et neuf filles, âgés en moyenne de 15 ans. Tous avaient participé en moyenne à quatre mois d’entrainement à la course à pied, avec deux à trois séances par semaine. Ces jeunes ont pris part à une entrevue d’une durée moyenne de 40 minutes portant sur divers thèmes tels que la perception de l’activité sportive, le dépassement de soi physique, psychologique et social ainsi que le plaisir ressenti et les efforts perçus durant l’activité.
Les résultats de cette étude mettent en lumière les améliorations dénotées à la suite de la pratique d’activités sportives sur diverses sphères de la perception de soi des adolescents.
D’abord, pour certains la motivation et l’intérêt à l’égard des activités sportives se sont déployés : « […] j’aime ça le sport et j’aime me surpasser dans ce que je suis capable de faire, pis je me disais c’est une bonne manière d’avoir des bonnes habitudes de vie, de faire du sport pis de m’entraîner ».
Pour d’autres, ce sont certaines caractéristiques personnelles qui ont été mises de l’avant. C’est le cas de l’un d’eux, qui mentionne être « plus persévérant que ce qu’il pensait ».
Des répercussions se rapportant à la perception de soi sociale ont aussi été dénotées par les répondants. Ils rapportent le développement de leurs habiletés sociales, la création de nouvelles amitiés ainsi qu’un sentiment d’appartenance au groupe étant donné le partage d’un objectif commun.
Sur le plan académique, certains répondants soulignent l’amélioration de leur persévérance scolaire et de leur concentration lors de périodes d’étude : « le défi c’est pas mal le truc qui m’a fait rester à l’école parce que j’aime vraiment ça, j’aime vraiment la gang qui est au défi ».
Finalement, pour certains la course est un moyen plus adapté de gérer leur colère : « Quand je veux gérer mes situations difficiles, au lieu de défouler ma colère sur les autres, je vais courir. […] quand je reviens après je me sens mieux. Et je suis pas irritable. »
À la lumière des résultats de cette étude, les changements observés chez Annabelle pourraient bel et bien être expliqués par son engagement dans une équipe de course à pied. Toutefois, ces mêmes effets n’ont pas été observés chez son coéquipier Tommy, ce qui souligne la pertinence de s’intéresser aux effets du genre dans le cadre de recherches subséquentes.
Nouvelle rédigée dans le cadre du concours de vulgarisation scientifique 2021 de l’Université de Sherbrooke (UdeS) par Gabrielle Imbeault, étudiante au baccalauréat en psychoéducation à l’UdeS et membre étudiant du Groupe de recherche et d’intervention sur les adaptations sociales de l’enfance (GRISE) de l’UdeS. Elle y vulgarise un article sur la perception de soi et aux effets de la pratique d’activités sportives, rédigé par Catherine Laurier, membre chercheur au GRISE, et deux autres étudiantes du GRISE, Justine Courville et Geneviève Beaulieu.
Référence : Imbeault, G. (2021). L’activité sportive : un ingrédient actif d’une meilleure perception de soi.
Référence : Laurier C, *Courville J et *Beaulieu G. (2020). Effets d’un intense entraînement sportif sur la perception de soi des adolescents. Revue de psychoéducation, 49(2), 215-235. https://doi.org/10.7202/1073994ar