Texte gagnant au Concours de vulgarisation scientifique 2025 de l’UdeS – Quand maman est sur son cell : L’influence cachée des écrans parentaux sur le développement des enfants

Auteure : Bianca Lahaye
Julie, la maman du petit Simon âgé de 4 ans, aime bien décompresser en fin de journée, sur son divan, cellulaire à la main. Elle consulte ses deniers courriels, ses messages non répondus et ses réseaux sociaux. Les vidéos qui jouent en boucle sur son téléphone intelligent accaparent son attention, plusieurs minutes peuvent s’écouler avant qu’elle lève son nez de son cellulaire. Pendant ce temps, le petit est à proximité, seul avec ses jouets. Simon finit par jouer avec sa tablette offerte par ses grands-parents à Noël. Des jeux éducatifs déroulent sous ses yeux. Ceux-ci ont été téléchargés par ses parents qui ont à cœur son bon développement. Ces jeux visent à préparer Simon en vue de son entrée à la maternelle. Ce qui réconforte Julie, c’est l’idée que le temps passé devant l’écran par son fils contribuera, au moins, de manière constructive à son développement. Une réflexion logique, mais qui ne semble pas être corroborée par la recherche.
Les études démontrent plutôt que le temps excessif d’écran des enfants d’âge préscolaire peut nuire au développement de leur cerveau, à leur sommeil et à leur santé physique. Cette exposition prolongée peut affecter le bon développement de Simon.
Les écrans des parents: un impact sur le développement des enfants?
Bien que la recherche ait examiné l’impact des écrans sur le développement des enfants, l’influence de leur usage par les parents reste peu explorée. Afin de déterminer si cet usage exerce une influence, Caroline Fitzpatrick, professeure à la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke, et son équipe de recherche ont réalisé une étude canadienne échelonnée sur 2 ans, auprès de 315 parents et leurs enfants d’âge préscolaire de 2 à 5 ans. L’étude visait à comprendre l’impact de l’utilisation des écrans des parents sur le développement global de leur enfant. Des questionnaires ont permis d’évaluer le temps consacré aux écrans par les enfants et leurs parents, en dehors du travail (TV/DVD, ordinateur, consoles de jeux vidéo, iPad, tablette et cellulaire). Les données ont révélé que le temps d’écran parental moyen s’élevait à 6,35 heures par jour. Un an plus tard, le développement de l’enfant a également été mesuré à l’aide d’un questionnaire. En prenant en considération le temps d’écran de l’enfant, le sexe et le niveau d’éducation des parents, les résultats ont indiqué qu’une utilisation parentale prolongée des écrans pourrait nuire au développement global de l’enfant. Ainsi, chaque heure supplémentaire passée par la maman de Simon sur son téléphone pourrait ralentir le développement langagier, moteur, cognitif et social du petit.
Des répercussions sur la préparation scolaire de Simon?
Les soirées de Julie passées sur son cellulaire pendant que Simon jouait sur sa tablette se voulaient bien méritées après une grosse journée. Cependant, lorsque Julie est sur son téléphone, elle n’est pas disponible pour encourager Simon dans ses apprentissages ni pour susciter la discussion auprès de ce dernier. Cela peut entraîner des répercussions sur le développement d’habiletés nécessaires à l’école comme la motricité, le langage, la résolution de problème et les habiletés sociales, empêchant ainsi Simon de bénéficier au maximum de son entrée scolaire.
Tout est une question de modération!
Repenser ses routines est une manière de contrer les effets de l’exposition des écrans. Julie pourrait investir davantage de temps dans des activités parents-enfants, loin de son téléphone. Pour ce qui est de l’utilisation de la tablette de Simon, cela pourrait devenir une activité occasionnelle. Lire un bon livre ou jouer aux blocs LEGO sont des alternatives adéquates pour le bon développement du petit.
Référence de l’article scientifique sur lequel porte ce texte de vulgarisation :
Fitzpatrick C, Johnson A, Bégin M, Laurent A, Harvey E. (2024). Do parent media habits contribute to child global development. Frontiers in Psychology, 14. https://doi.org/10.3389/fpsyg.2023.1279893
Prochain article
