Concours de vulgarisation scientifique 2025 de l’UdeS – Ce qui se cache derrière les comportements sexuels à risque des personnes adolescentes

Ce texte a été rédigé dans le cadre du Concours de vulgarisation scientifique 2025 de l’Université de Sherbrooke.
Auteure : Audrey-Ann Lachance
L’an dernier, Mathilde, alors âgée de 13 ans, a commencé à vivre ses premières expériences sexuelles. Depuis, elle a eu plusieurs partenaires sexuels différents et non exclusifs. Dernièrement, les parents de Mathilde s’inquiètent puisqu’ils ont remarqué que leur fille s’est refermée sur elle-même et qu’elle leur parle de moins en moins. Ils ont l’impression de perdre peu à peu leur lien avec elle et ne savent plus comment agir. Les difficultés qu’ils éprouvent avec Mathilde ne sont pas récentes. Dès l’âge de 10 ans, Mathilde manifestait plusieurs comportements problématiques à l’école et à la maison. Il lui arrivait fréquemment de crier, de faire des crises de colère et même de frapper les autres.
Le rôle central du lien d’attachement
Le cas de Mathilde illustre que les jeunes qui manifestent des problèmes de comportements extériorisés, comme l’agressivité et les crises de colère, sont plus susceptibles de présenter, plus tard dans leur vie, des comportements sexuels à risque. Pour mieux comprendre ce lien, la professeure Danyka Therriault de la faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke et son équipe se sont penchées sur le rôle de l’attachement avec les parents. Leur étude a été menée auprès de 598 adolescentes et adolescents, suivis pendant 5 ans. Les personnes adolescentes et leurs parents ont été rencontrés à domicile pour répondre à différents questionnaires.
Les résultats démontrent que les adolescentes et adolescents qui présentent des problèmes de comportements extériorisés (se battre avec les autres, crier, frapper, etc.) ont davantage tendance à développer une relation d’attachement de faible qualité avec leurs parents. Cette relation peut alors être teintée par une perte de confiance, une tendance de la personne adolescente à moins se confier et même à s’éloigner de ses parents. À son tour, la relation d’attachement de faible qualité avec leurs parents peut favoriser chez les personnes adolescentes l’adoption de comportements sexuels à risque comme avoir plusieurs partenaires sexuels non exclusifs.
Et Mathilde, dans tout ça?
Les crises de colère de Mathilde et ses comportements dérangeants, tels que crier et frapper, ont affecté négativement la relation d’attachement entre elle et ses parents. Elle a peu à peu cessé de se confier à eux, s’est mise à leur faire moins confiance et a même parfois souhaité avoir des parents différents. Cette faible relation d’attachement peut expliquer en partie pourquoi Mathilde a eu des relations sexuelles dès un jeune âge et qu’à ce jour, elle a plusieurs partenaires sexuels différents et non exclusifs. Toutefois, une question persiste : pourquoi une relation d’attachement plus faible avec ses parents peut pousser certaines personnes adolescentes à adopter des comportements sexuels à risque? Il s’agit d’un élément à explorer davantage.
Pourquoi ces résultats sont importants
Les comportements sexuels à risque des adolescentes et adolescents peuvent avoir des effets négatifs sur leur santé physique et psychologique. Renforcer la qualité de la relation d’attachement entre les parents et les personnes adolescentes pourrait permettre de prévenir l’adoption de comportements sexuels à risque, particulièrement pour ceux et celles présentant des problèmes de comportements extériorisés.
Référence de l’article scientifique sur lequel porte ce texte de vulgarisation :
Therriault D, Lemelin J-P, Toupin J, Martin-Storey A, Déry M. (2024). Associations between externalizing behavior problems and risky sexual behaviors in adolescence: Attachment as a mediator. Journal of Adolescence, 96(2), 394-410. http://dx.doi.org/10.1002/jad.12285
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