Chaire de recherche du Canada sur la stigmatisation et le développement psychosocial
Titulaire de la chaire : Alexa Martin-Storey
À l’adolescence, l’impact du contexte social des jeunes sur leur réussite scolaire s’intensifie de manière substantielle (Crosnoe, 2011). Si cette intensification est vécue par tous les jeunes, elle constitue un défi important pour ceux dont l’identité est stigmatisée. Les travaux de Goffman (1963) ont montré que l’identité stigmatisée est une identité dévalorisée, ce qui peut être lié à l’appartenance à une minorité sexuelle ou ethnique, au fait de vivre dans la pauvreté, de présenter des problèmes de comportement, de souffrir d’obésité, etc. Cette dévalorisation a de sérieuses conséquences sur le concept de soi, l’adaptation sociale, la réussite scolaire et la santé mentale. Autrement dit, les garçons et les filles dont l’identité est stigmatisée sont à risque élevé de vivre des difficultés scolaires et psychosociales. Le but de la Chaire de recherche sur la stigmatisation et le développement est de comprendre comment la stigmatisation façonne l’adaptation sociale, la réussite scolaire, de même que le bien-être de ces jeunes. Mon programme de recherche adopte une perspective développementale pour mieux saisir cet impact et se centre sur la stigmatisation d’identités visibles (p. ex., obésité ou non-conformité de genre, Martin-Storey & Crosnoe, 2015; Martin-Storey & August, 2015), non apparentes (p. ex., minorité sexuelle, Martin-Storey, 2015; Prickett et al., 2015) ou reliées au statut socioéconomique et au milieu de vie (p. ex., Martin-Storey & Crosnoe, 2014; Martin-Storey et al., 2011). Il privilégie une approche comparative et des méthodes mixtes : les méthodes quantitatives permettent de mesurer l’impact de différents types de stigmatisation sur le bien-être et la réussite scolaire alors que les méthodes qualitatives aident à approfondir l’intersectionalité, c’est-à-dire les bases communes à la stigmatisation. L’une des forces de ce programme est de porter sur une diversité d’identités stigmatisées, ce qui permet de dégager i) des principes universels dans les mécanismes qui conduisent à une adaptation sociale et scolaire variable chez les jeunes stigmatisés et, ii) des spécificités liées à un type d’identité stigmatisée. Ces deux aspects sont importants pour étendre et ajuster les théories reliées à la stigmatisation, identifier des pistes d’intervention pour aider les jeunes vulnérables et, dans une optique de prévention, élaborer des modules de sensibilisation et de formation pour les enseignants et les intervenants.
1er axe : Stigmatisation, victimisation et développement.
Les projets rattachés à cet axe porteront i) sur les facteurs qui expliquent les variations dans les conséquences de la stigmatisation (p. ex., le genre, la visibilité et la durée de la stigmatisation) et ii) sur l’identification des facteurs de protection et de promotion qui expliquent les différences individuelles (p. ex., le soutien d’un enseignant ou l’acceptation familiale).
2e axe : Stigmatisation, milieu et adolescence.
Les objectifs spécifiques sont de i) tester sur un vaste échantillon de jeunes une mesure de la stigmatisation liée au SSE perçu, et ii) déterminer comment la perception du SSE de la famille ou du quartier interagit avec les caractéristiques individuelles pour prédire la réussite scolaire et le bien-être.
3e axe : Stigmatisation et utilisation de services.
Dans la continuité de mes travaux sur l’impact de la stigmatisation individuelle et des quartiers sur l’utilisation des services (p. ex., Temcheff et al., 2011; Martin-Storey et al., 2012), cet axe de recherche a pour objectifs de i) mesurer l’impact de la stigmatisation sur l’utilisation de services au cours du développement, et ii) traduire les connaissances issues de ces travaux en outils pertinents pour les enseignants et les intervenants.