S’engager en classe : pourquoi est-ce facile pour certains élèves et difficile pour d’autres?
Ce texte fut rédigé dans le cadre du Concours de vulgarisation scientifique 2024 de l’Université de Sherbrooke.
Auteure : Gabrielle Cloutier
Maéva, une élève en première année du primaire, est très appréciée par les personnes enseignantes. Non seulement est-elle attentive aux consignes et elle participe en classe, elle est aussi à son affaire. Lucien, son meilleur ami, est en tous points son opposé. Il a souvent besoin qu’on lui répète les consignes et son niveau d’attention fluctue d’un moment à l’autre, ce qui nuit à sa capacité à s’engager pleinement dans les activités d’apprentissages.
Qu’est-ce que l’engagement en classe et pourquoi est-ce si important?
Un élève qu’on dit engagé en classe est capable de s’adapter aux exigences de la classe comme de travailler en équipe et de façon autonome, de participer aux activités éducatives, de faire preuve de respect et de suivre les consignes. Les élèves qui sont engagés en classe réussissent généralement mieux à l’école et prennent plaisir à apprendre. À l’inverse, les élèves qui ont un faible niveau d’engagement vivraient plus souvent des échecs, seraient moins motivés à l’école et seraient davantage à risque de décrochage scolaire. Mais pourquoi certains enfants s’engagent en classe alors que ce n’est pas le cas pour d’autres?
Pour répondre à cette question, Eda Cinar, stagiaire postdoctorale à l’Université de Sherbrooke, et ses collaborateurs ont examiné l’évolution de l’engagement en classe de la première à la sixième année du primaire auprès de 877 enfants québécois. Les chercheurs ont d’abord mesuré différentes caractéristiques chez ces enfants en début de scolarité (ex., habiletés langagières et motrices). Les personnes enseignantes ont ensuite rapporté le niveau d’engagement en classe de ces enfants en 1re, 2e, 4e et 6e année.
Vers une meilleure compréhension de l’engagement en classe
D’abord, les élèves ne sont pas tous sur le même pied d’égalité lorsqu’ils entrent à l’école primaire. Leur niveau d’engagement varie en fonction de caractéristiques qui sont présentes bien avant le début de leur parcours scolaire. Par exemple, les enfants qui sont moins attentifs et qui ont de la difficulté à bien comprendre le langage parlé seraient moins engagés en classe. Les garçons se démarqueraient aussi par un niveau d’engagement moins élevé que les filles.
Cependant, la capacité des élèves à s’engager en classe augmente entre la première et la sixième année du primaire. Cette progression serait toutefois plus lente pour ceux qui sont plus attentifs et qui ont une meilleure compréhension du langage verbal. Un résultat surprenant, mais qui pourrait s’expliquer par le principe « d’effet plafond », qui stipule que la progression d’un élève est moins susceptible d’être grande si cet élève maitrise déjà très bien une tâche.
Selon ce principe, il serait donc attendu que le niveau d’engagement de Maéva progresse moins rapidement que les autres étant donné qu’elle possède déjà les habiletés qui lui permettent d’être engagée en classe. Le niveau d’engagement de Lucien, quant à lui, serait plus susceptible de croître entre la 1re et la 6e année du primaire, car ce dernier aurait tout à gagner.
Mieux soutenir l’engagement des élèves
Ces résultats peuvent nous aider à repérer les élèves qui, comme Lucien, présentent des difficultés pouvant nuire à l’engagement en classe. Avec le soutien nécessaire, ces élèves peuvent améliorer leur niveau d’engagement aux bénéfices de leur réussite scolaire, entre autres, via la mise en place de stratégies d’apprentissage pour favoriser le développement des habiletés attentionnelles et langagières. Ce faisant, les élèves auront la chance de se développer à leur plein potentiel et d’en ressortir gagnants. Lucien n’en fait pas exception! Malgré les obstacles qu’il a vécus en première année, il est maintenant lui aussi, un premier de classe!
Référence de l’article scientifique sur lequel porte ce texte de vulgarisation :
Cinar, E., Chaput-Langlois, S., Fitzpatrick, C. et Garon-Carrier, G. (2023). Why children differ in classroom engagement: Insights from a prospective longitudinal cohort of elementary school students. Psychology in the Schools, 60(10), 4102-4116. https://doi.org/10.1002/pits.22986