Une photo, un sexto… Des impacts chez les ados? (R. Paré-Beauchemin)
Une nouvelle de vulgarisation scientifique
Cristal, 15 ans, est dans sa chambre. Elle est censée étudier, mais elle est plutôt sur son cellulaire à texter Zack, 16 ans, un garçon qu’elle a récemment rencontré. Durant leur conversation, Zack lui exprime qu’elle lui plaît… et lui demande une photo d’elle… sans ses vêtements… C’est peut-être caricaturé, mais Cristal n’est pas la seule adolescente dans cette situation.
Au Canada, un adolescent sur sept entre 14 et 17 ans enverrait des sextos, et près du double en recevrait. Ces statistiques, très similaires entre les garçons et les filles, augmentent avec l’âge. Ces résultats découlent du projet réalisé en 2020 par les chercheuses Soyeon Kim, Ph. D., et Alexa Martin-Storey, Ph. D., avec l’aide de leurs collaborateurs. Il s’agit de l’une des rares études canadiennes examinant la fréquence et les facteurs associés au sextage chez les adolescents. Leurs données proviennent de 2 537 adolescents d’Ontario ayant rempli des questionnaires en 2014.
Outre démontrer que les sextos sont fréquents, ces chercheuses ont aussi exploré différentes caractéristiques (ex. : orientation sexuelle, revenu familial) des adolescents qui « sextent ». Une de leurs principales découvertes concerne même la santé mentale! Mais d’abord, que sont les sextos?
Un mariage entre « sexe » et « texto »
De l’union entre « sexe » et « texto » sont nés les sextos. Ceux-ci sont des photos et/ou des messages sexuellement explicites envoyés ou reçus par les cellulaires ou Internet. Dans la présente étude, seulement les sextos contenant des images furent considérés.
Sextos, symptômes de troubles mentaux et caractéristiques des ados
L’une des principales inquiétudes vis-à-vis des sextos à l’adolescence est qu’ils pourraient être associés à certains problèmes de santé mentale (ex. : anxiété, dépression), ce que révèle aussi l’étude de Kim, Martin-Storey et leurs collaborateurs (2020). Le lien n’est cependant pas causal, et davantage de recherche est nécessaire pour mieux le comprendre.
De plus, leur étude démontre que la fréquence des sextos varie selon certaines caractéristiques des ados. Par exemple, ceux ayant révélé à quelqu’un qu’ils s’identifient à une minorité sexuelle et/ou de genre risqueraient de « sexter » davantage, tandis que ce comportement serait moins probable chez les adolescents de familles à faible revenu. Est-ce que ces différences soulignent des besoins distincts chez ces ados? Est-ce qu’on peut s’en inspirer pour guider nos campagnes de sensibilisation et de conscientisation? Ces questions méritent d’être davantage explorées.
Sextos et enjeux légaux
Finalement, cette étude vise à soutenir la prévention auprès des adolescents pour éviter qu’ils ne finissent par s’en mordre les doigts. En effet, imaginez voir votre photo intime se promener librement sur le Web sans votre consentement! De plus, saviez-vous que le sextage peut même mener à des accusations criminelles?
Pour mieux prévenir tout cela et davantage protéger nos jeunes, de l’information peut être offerte aux adolescents, aux parents et aux intervenants. Des ateliers dans les écoles peuvent aborder les dangers d’envoyer de telles images, le consentement, la santé mentale et même la navigation sécuritaire sur Internet. Puisqu’une photo, un sexto… ce n’est pas toujours de tout repos!
Nouvelle rédigée dans le cadre du concours de vulgarisation scientifique 2021 de l’Université de Sherbrooke (UdeS) par Rémi Paré-Beauchemin, étudiant à la maîtrise en psychoéducation à l’UdeS et membre étudiant du Groupe de recherche et d’intervention sur les adaptations sociales de l’enfance (GRISE) de l’UdeS. Il y vulgarise un article sur une étude menée auprès de jeunes au sujet de la réception de sextos, rédigé par une équipe de chercheuses et chercheurs dont Alexa Martin-Storey, membre chercheur au GRISE.
Référence : Paré-Beauchemin R. (2021). Une photo, un sexto… Des impacts chez les ados?
Référence : Kim S, Martin-Storey A, Drossos A, Barbosa S et Georgiades K. (2020). Prevalence and correlates of sexting behaviors in a provincially representative sample of adolescents. Canadian Journal of Psychiatry. Revue Canadienne De Psychiatrie, 65(6), 401–408. doi: 10.1177/0706743719895205