Scéance datablitz F : Santé mentale et adaptation sociale des adultes émergents​

Nous remercions Geneviève Rivard pour la modération de cette séance de datablitz.

 

Communication 1 : Facteurs associés à l’adhésion aux croyances et préjugés vis-à-vis des violences sexuelles chez les personnes étudiantes universitaires : cibles clés des programmes de prévention​

Par Sonn Castonguay-Khounsombath, Geneviève Paquette, Manon Bergeron et Alexa Martin-Storey​

Résumé de la communication : Près de 75% des personnes étudiantes rapportent avoir subi de la violence sexuelle aux études supérieures (Fedina et al., 2018). L’une des cibles communes des programmes de prévention de la violence sexuelle en milieu universitaire est le changement des attitudes telles que les croyances et préjugés vis-à-vis des violences sexuelles. Conceptualisées par Burt (1980), ces croyances sont des mythes qui culpabilisent les victimes de violence sexuelle, banalisent les gestes de violence sexuelle ou déresponsabilisent les personnes qui en commettent. Or, la littérature montre que jusqu’à 25 % des étudiantes et étudiants sont en accord avec différents mythes et que certains sous-groupes de personnes étudiantes adhèrent davantage à ces mythes (Groupe de travail sur le respect et l’égalité, 2015; Hayes et al., 2016). Utilisant de manière secondaire les données de l’Enquête sur la sécurité, la sexualité et les interactions en milieu universitaire (ESSIMU), les objectifs de la présente étude étaient d’identifier les facteurs associés à l’adhésion aux croyances et préjugés vis-à-vis des violences sexuelles chez les personnes étudiantes en milieu universitaire (n = 6 467) en tenant compte du genre (femme, homme, personnes s’identifiant à des minorités de genre). Les résultats de cette étude permettent d’identifier des facteurs associés à l’adhésion aux mythes chez les personnes étudiantes tels que le genre, l’âge, le cycle d’études, l’appartenance à une minorité visible, l’orientation sexuelle, avoir été confident d’une violence sexuelle en milieu universitaire et avoir été victime de violence sexuelle. Les résultats suggèrent que le contenu des programmes de prévention des violences sexuelles en milieu universitaire doit être adapté aux profils des personnes étudiantes. Les résultats de l’étude nous permettent de cibler les caractéristiques des personnes étudiantes susceptibles d’adhérer davantage aux croyances vis-à-vis des violences sexuelles et de mieux orienter les efforts de prévention de la violence sexuelle en milieu universitaire, efforts qui devraient inclure un volet axé sur la diminution de l’adhésion aux mythes vis-à-vis des violences sexuelles 

 

Communication 2 : Psychoéducation du sport : de la recherche à l’intervention​

Par Sophie Labossière, Catherine Laurier et Sophie Couture​

Résumé de la communication : En plus de devoir s’ajuster à plusieurs demandes d’adaptation sportives, scolaires et développementales, les étudiants-athlètes universitaires ont dû s’ajuster aux répercussions de la pandémie de la Covid-19 sur leur vie. Pendant cette crise sanitaire mondiale, les étudiants-athlètes universitaires ont présenté des prévalences importantes de symptômes de troubles de santé mentale (Celebre, 2022; Graupensperger et al., 2020; NCAA, 2020). Toutefois, l’évolution des symptômes pendant la pandémie est peu connue. Ainsi, la présente étude vise à identifier les prévalences, puis à décrire l’évolution des symptômes de quatre troubles de santé mentale fréquents chez les étudiants-athlètes universitaires pendant la pandémie. Les étudiants-athlètes universitaires du Québec ont répondu à un questionnaire en ligne à l’automne2020, au printemps et à l’automne2021. Les réponses des 211participants à divers questionnaires validés mesurant les symptômes anxieux [GAD-7], dépressifs [PHQ-9], de troubles des conduites alimentaires [EAT-26] et de consommation d’alcool problématique [AUDIT-C] ont été analysées à l’aide d’analyses descriptives et de trajectoires latentes. Des prévalences importantes ont été observées aux trois temps de mesures. Les symptômes anxieux et dépressifs ont significativement diminué pendant la pandémie. Pour leur part, les symptômes de troubles des conduites alimentaires n’ont pas significativement varié pendant la pandémie, alors que les symptômes de consommation d’alcool problématique ont significativement augmenté. Ces résultats informent sur les besoins en santé mentale des étudiants-athlètes universitaires lors de périodes de stress prolongées et soulignent l’importance de la mise en place rapide de services de soutien en santé mentale. Des interventions à plusieurs niveaux (institutionnel, équipes sportives et athlètes) sont recommandées pour favoriser l’adaptation des étudiants-athlètes universitaires. La psychoéducation a un rôle important à jouer dans les milieux sportifs, car les athlètes ne sont pas à l’abri de difficultés psychosociales.  

 

Communication 3 : Les troubles de la personnalité et leur fréquence sous le modèle alternatif du DSM-5 : qu’observe-t-on à l’âge adulte au sein d’une population à risque ?​

Par Rosalie Morin, Mélanie Lapalme, Yann LeCorff et Geneviève Rivard

Résumé de la communication : Les troubles de la personnalité se définissent comme un état relativement stable et durable se manifestant par une perturbation importante du fonctionnement personnel et interpersonnel (American Psychological Association [APA], 2015) qui peut avoir des répercussions sérieuses sur l’adaptation sociale, scolaire et professionnelle du jeune adulte. (Newton-Howes et al., 2022). Les troubles de la personnalité sont aussi associés à plusieurs autres problèmes de santé mentale (anxiété, dépression, abus de substances, comportements violents). Les jeunes adultes issus d’une population à risque, comme celle ayant des antécédents de problèmes de comportement à l’enfance, seraient particulièrement vulnérables. En s’appuyant sur le modèle alternatif de la définition des troubles de la personnalité du DSM-5 (APA, 2013), l’étude vise d’abord à comparer la fréquence des six troubles de la personnalité (borderline, narcissique, antisociale, schizotypique, obsessionnelle-compulsive, évitante) selon le sexe, puis à examiner la sévérité des autres problèmes de santé mentale associés à chacun de ces troubles. L’échantillon est composé de 322jeunes adultes, âgés de 17 à 20ans (M = 19,44; É.T = 0,96; 49,1% de filles) recrutés 11ans plus tôt, alors âgés de 6 à 9ans, parce qu’ils présentaient un trouble oppositionnel ou des conduites ou parce qu’ils recevaient des services complémentaires de l’école pour des troubles du comportement. Les résultats montrent que seulement 5% de l’échantillon à risque présentent un trouble de la personnalité (0% antisociale – 3,7% borderline) et aucune différence significative n’est observée selon le sexe. La présence de tous les troubles de la personnalité confondus est clairement associée à une sévérité plus élevée de tous les autres problèmes de santé mentale mesurés, mais la nature des problèmes présentés varie selon les troubles. Pour favoriser une meilleure adaptation des jeunes adultes, tenir compte des traits de personnalité qui affectent leur fonctionnement personnel et interpersonnel en plus des autres symptômes de santé mentale semble une avenue prometteuse.  

 

Communication 4 : Associations entre les troubles de la personnalité évalués selon le modèle alternatif du DSM-5 et l’adaptation socioprofessionnelle des jeunes adultes

Par Geneviève Rivard, Yann Le Corff et Mélanie Lapalme

Résumé de la communication : Les troubles de la personnalité se manifestent par des cognitions, des affects et des comportements mésadaptés envahissants et persistants (American Psychological Association [APA], 2013). Ils sont associés à de nombreuses difficultés adaptatives, notamment sur le plan socioprofessionnel (Hengartner et al., 2014). Dans la plus récente édition du Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux (DSM-5; APA, 2013), les troubles de la personnalité sont conceptualisés selon une approche dimensionnelle, soit a) l’altération du fonctionnement des sphères personnelles et interpersonnelles de la personnalité et b) la présence de traits de personnalité pathologiques. Ce modèle d’évaluation des troubles de la personnalité étant relativement nouveau, peu d’études ont abordé les liens entre ces deux critères et l’adaptation socioprofessionnelle. Ainsi, la présente étude vise à établir les liens entre les critères a et b et des variables d’adaptation socioprofessionnelle, comme le fait d’occuper un emploi, la durée en emploi, le niveau de scolarité, la satisfaction professionnelle et les relations interpersonnelles au travail. Au total, 322jeunes adultes (49,1% de femmes), âgés de 17 et 21ans ont participé à l’étude. Les résultats montrent des corrélations négatives, allant de faibles à modérées, entre les critères a et b et l’obtention du diplôme d’études secondaires, les relations interpersonnelles au travail et la satisfaction en emploi. Ainsi, une altération du fonctionnement plus importante ou la présence d’un plus grand nombre de traits pathologiques est associée à davantage de difficultés d’adaptation socioprofessionnelle. Il serait donc pertinent de considérer plusieurs aspects de l’adaptation socioprofessionnelle en plus d’une évaluation dimensionnelle de la personnalité pathologique pour nuancer l’évaluation et spécifier l’intervention. 

 

Communication 5 : La qualité de l’attachement comme facteur d’influence de l’adaptation psychosociale des hommes et des femme lors de l’émergence à l’âge adulte​

Par Alysen Corbeil, Danyka Therriault et Mélanie Lapalme

Résumé de la communication : À l’enfance, l’association entre la qualité de l’attachement à son parent et les problèmes de comportements extériorisés et intériorisés est bien démontrée (Madigan et al., 2016; Shahab et al., 2021; Simard et al., 2011). Bien qu’on reconnaisse de plus en plus l’importance des relations d’attachement tout au long du développement (Mikulincer, et al., 2016), peu d’études se sont intéressées à leurs associations avec les problèmes de comportement lors de l’émergence à l’âge adulte, qui représente pourtant une période de transition importante qui comporte son lot d’enjeux sur les plans relationnel et adaptatif. Par ailleurs, le fait que les hommes soient plus susceptibles d’avoir des problèmes extériorisés et que les femmes soient plus susceptibles d’avoir des problèmes intériorisés suggère qu’il pourrait y avoir des différences de genre dans ces associations (Achenbach, 1999; Dawson et al., 2014; Déry et al., 2007). Cette étude a donc comme objectifs (1) de vérifier la contribution de la qualité de l’attachement lors de l’émergence à l’âge adulte sur la sévérité des problèmes de comportements intériorisés (anxiété et dépression) et extériorisés (conduites antisociales) et (2) d’examiner l’effet modérateur du genre sur ces associations. Au total, 563jeunes adultes (50% d’hommes), âgés de 17 à 22ans, ont participé à l’étude. Les résultats ont montré que la qualité de l’attachement est associée à un plus faible niveau d’anxiété, de dépression et des conduites antisociales tant chez les hommes que les femmes. À l’inverse, un attachement de plus faible qualité semble être associé à un niveau plus élevé de conduites antisociales chez les hommes. Les résultats de cette étude montrent la pertinence des interventions axées sur le mode relationnel pour prévenir les problèmes de comportement des jeunes adultes et éviter leur maintien dans le temps. Ce type d’intervention pourrait promouvoir une meilleure adaptation psychosociale chez ces jeunes adultes en diminuant l’anxiété, la dépression et les conduites antisociales.