Scéance datablitz N : Défis de la pré-adolescence et de l’adolescence : comment favoriser une bonne adaptation?

Nous remercions Corinne Mavungu-Blouin pour la modération de cette séance de datablitz.

 

Communication 1 : Attitudes et comportements alimentaires problématiques​ (ACAP) chez les enfants (8-12 ans) : comment se distinguent les garçons et les filles ?​

Par Evan Marchand et Isabelle Thibault

Résumé de la communication : L’étude s’inscrit dans un contexte où les experts s’entendent à savoir que les types d’attitudes et comportements alimentaires problématiques (ACAP) diffèrent selon le sexe, alors que les études ne permettent pas de statuer sur ces distinctions (De Coen et al., 2021). De plus, les facteurs contributifs des ACAP selon le sexe demeurent très peu étudiés (Cragun et al., 2013). L’objectif principal de cette étude est de réaliser une description nuancée des ACAP pour différencier les comportements typiquement employés selon le sexe et les facteurs contributifs associés. Plus précisément, il est visé de 1) comparer, selon le sexe, les ACAP des enfants et 2) déterminer, selon le sexe, les facteurs contributifs des ACAP. Pour ce faire, ce sont 201enfants (46% de garçons) âgés de 9 à 12ans (M= 11,70) qui ont été inclus dans la présente étude. Les analyses statistiques soulignent que parmi les enfants présentant des ACAP, la recherche de minceur et l’insatisfaction corporelle sont significativement plus importantes chez les filles que chez les garçons. Cependant, aucune distinction n’est remarquée entre les sexes pour la recherche de masse musculaire. Ces résultats soulignent des tendances distinctes entre les sexes relativement à leurs manifestations des ACAP, bien qu’il existe aussi des similitudes. Chez les garçons, les régressions logistiques binaires révèlent que l’inefficacité et le surcontrôle contribuent à prédire la présence d’ACAP (20,9% de variance expliquée), alors que chez les filles, ce sont plutôt le surcontrôle et les symptômes anxieux qui contribuent à la prédire (45,6% de variance expliquée). Ces résultats démontrent que les prédicteurs expliquent davantage de variances des ACAP chez les filles comparativement aux garçons et qu’ils diffèrent partiellement selon le sexe, ce qui soulève des interrogations quant aux principaux prédicteurs des ACAP chez les garçons. Pour conclure, ces résultats sous-tendent la pertinence d’interventions différenciées selon le sexe, démontrée comme étant plus engageante et efficace, ainsi que l’importance de réaliser des études ultérieures pour approfondir les connaissances des principaux facteurs liés aux ACAP chez les garçons.

 

Communication 2 : Les jeunes avec des problèmes de comportement sont plus vulnérables au harcèlement sexuel : comment adapter leur environnement social pour mieux les protéger ?​

Par Marie-Louise Bolduc, Alexa Martin-Storey et Geneviève Paquette

Résumé de la communication : Le harcèlement sexuel est une forme de violence sexuelle se manifestant par des comportements à caractère sexuel qui ne visent pas la coopération et qui ont pour but d’insulter et de dégrader l’autre (Fitzgerald et al., 1999). Les jeunes ayant présenté des problèmes de comportement sont plus susceptibles de subir ce type de violence (Bolduc et al., 2022). Le harcèlement sexuel subi peut mener à d’importantes conséquences sur le plan de la santé physique et mentale (Kljakovic et Hunt, 2016; Kokkinos et Panayiotou, 2004), pouvant s’ajouter aux conséquences déjà associées au fait d’avoir présenté des problèmes de comportement. Ainsi, l’objectif de l’étude vise à examiner si les facteurs associés au fait de présenter des problèmes de comportement (p. ex.: maltraitance, victimisation par les pairs, consommation de substances) expliquent l’association entre les problèmes de comportement présentés durant l’enfance et le harcèlement sexuel subi, et ce, selon le genre. À l’aide des données de l’étude longitudinale de Déry et ses collaboratrices et collaborateurs (2007-2021) portant sur les problèmes de comportement dans l’enfance (n=744; âge moyen au début de l’étude=8,39ans, ÉT=0,92), les analyses de médiation effectuées montrent que c’est par le niveau élevé de victimisation par les pairs et de consommation de substances (alcool ou drogues) que s’explique en partie l’association entre les problèmes de comportement présentés durant l’enfance et le harcèlement sexuel subi. Or, en examinant la modération selon le genre, le niveau élevé de victimisation par les pairs explique seulement cette association chez les filles. Le fait que les jeunes côtoyant des pairs délinquants, consommant de l’alcool ou des substances ou étant victimes de violence par les pairs soient plus à risque de harcèlement sexuel suggère potentiellement que cette violence se déroule à l’abri des yeux des adultes, dont ceux des membres du personnel enseignant qui les entourent. Ces résultats montrent l’importance de former aussi les jeunes à repérer ces différents types de violence qui sont peut-être normalisés dans leurs groupes de pairs ainsi qu’à les sensibiliser à leurs conséquences. 

 

Communication 3 : L’attachement aux parents et la détresse psychologique chez les adolescents et adolescentes durant la pandémie de la COVID-19​ : quelle est l’influence de l’insensibilité émotionnelle ?​

Par Alex Labonté, Katherine Pascuzzo, Vincent Bégin et Catherine Laurier

Résumé de la communication : Les symptômes de détresse psychologique ont fait l’objet de nombreuses recherches chez les adolescents et les adolescentes pendant la pandémie. La sécurité dattachement envers les parents et les pairs a notamment été identifiée comme un facteur de protection clé vis-à-vis de cette problématique (Laurier et al., 2021; Magson et al., 2021). Le rôle des traits d’insensibilité émotionnelle (p. ex : faible empathie), pourtant connus pour interférer avec la qualité des relations interpersonnelles, demeure cependant méconnu. L’objectif de cette étude était donc d’évaluer les effets de la qualité des relations avec les parents et les pairs, mais aussi des traits d’insensibilité émotionnelle sur les composantes de la détresse psychologique (p. ex. : anxiété, dépression, irritabilité, problèmes cognitifs) pendant la pandémie. Les données ont été recueillies auprès de 148adolescents et adolescentes (âge moyen de 15,21ans) qui ont rempli des questionnaires en ligne pendant l’été2020. Les résultats des analyses acheminatoires montrent que les deux types de relation d’attachement (avec les parents et avec les pairs) sont associés aux composantes d’anxiété, de dépression et d’irritabilité de la détresse des jeunes et que leurs relations avec les problèmes cognitifs varient selon le niveau d’insensibilité émotionnelle présenté. Les résultats mettent en lumière le rôle protecteur des relations d’attachement en regard de la détresse psychologique ressentie pendant la pandémie et soulignent l’importance d’évaluer les traits d’insensibilité émotionnelle pour guider l’intervention auprès des adolescents et adolescentes.

 

Communication 4 : Gros plan sur le bien-être à l’école à l’aide de la méthode photovoix : ​perceptions de jeunes québécois de 15 à 18 ans ayant des troubles d'apprentissage

Par Mélissa Gauthier​, Anne-Marie Tougas et Danyka Therriault

Résumé de la communication : Les écrits récents mettent en lumière l’importance de l’approche positive pour promouvoir le bien-être en milieu scolaire, qui fait référence à l’évaluation personnelle affective et cognitive des élèves de leur expérience scolaire (Diener, 1984; Tian et al., 2008). Le bien-être en milieu scolaire est associé à une variété de retombées positives, notamment en diminuant les sentiments de stress et en contribuant au plaisir, à l’engagement et à la réussite scolaire (Hascher, 2007; Putwain et al., 2020). Cette étude s’intéresse au bien-être des élèves qui ont des troubles d’apprentissage, car en plus des difficultés associées à leur performance scolaire, ils peuvent présenter certaines vulnérabilités les mettant plus à risque sur le plan du bien-être telles qu’un niveau de satisfaction scolaire inférieur ainsi que davantage d’affects négatifs (Al-Yagon, 2012; Bosakova et al., 2020). De plus, les élèves ayant des troubles d’apprentissage vivent un décalage entre leurs besoins et les occasions offertes par le milieu scolaire pour les actualiser (Martin et al., 2020). Cette étude mobilise la théorie de l’autodétermination (Ryan et Deci, 2000) pour comprendre de quelle manière l’école peut contribuer à satisfaire les besoins de ces élèves. Une activité de photovoix a été menée auprès d’un groupe de onze élèves âgésde 15 et 18ans qui fréquentent une école spécialisée dans le soutien aux élèves ayant des troubles d’apprentissage, au Québec. L’analyse thématique du contenu d’une des trois rencontres de groupe pointe vers des résultats associés aux trois besoins d’autodétermination. Par exemple, les activités sociales variées permettent aux élèves de connecter entre eux (besoin d’appartenance), les projets personnels leur permettent de développer des forces (besoin de compétence) et la possibilité de travailler à leur propre rythme leur permet de prendre davantage d’initiatives dans leurs apprentissages (besoin d’autonomie). Le milieu scolaire devrait donc prévoir la mise en œuvre d’occasions et de mesures permettant l’actualisation des besoins de l’ensemble de ses élèves, en portant une attention particulière à ceux ayant des troubles d’apprentissage.