Séance datablitz D : Favoriser l’adaptation positive des élèves ayant des problèmes émotionnels et de comportement
Nous remercions Melissa Hogan pour la modération de cette séance de datablitz.
Communication 1 : Profils de faible préparation scolaire : sur quelles habiletés miser au préscolaire?
Par Corinne Mavungu-Blouin, Marie-Josée Letarte, Sophie Chaput-Langlois, Angélique Laurent, Jean-Pascal Lemelin et Gabrielle Garon-Carrier
Résumé de la communication : Il est bien connu que les garçons et les filles qui présentent des vulnérabilités sur le plan de la préparation scolaire sont à risque quant à leur adaptation sociale et scolaire une fois à l’école primaire (Duncan et al., 2007). Cependant, peu d’études ont utilisé une approche centrée sur la personne pour en faire la démonstration. Cette étude vise ainsi à : 1) identifier, dès l’âge préscolaire, les profils de préparation scolaire chez des enfants à risque sur ce plan; 2) examiner si ces profils se différencient quant à leur rendement scolaire et à leur adaptation sociale durant l’école primaire et si le sexe modère cette association. Des analyses de classes latentes ont été effectuées auprès de 300 enfants québécois de 4 ans pour identifier des profils de préparation scolaire à partir d’indicateurs socioémotionnels (ex. compétence sociale) et cognitifs (ex. habiletés langagières). Quatre profils ont été détectés : forces langagières (19 %), prêts à l’école (20 %), difficultés généralisées (40 %) et forces socioémotionnelles/faiblesses cognitives (21 %). Les analyses de variance indiquent que l’ensemble de ces profils se différencie sur le plan du rendement scolaire en mathématiques et en français en première année, mais ne se différencie pas sur leur adaptation sociale ultérieure. Les enfants du profil forces socioémotionnelles/faiblesses cognitives avaient le plus faible rendement scolaire. Cette association n’était pas modérée par le sexe de l’enfant selon les régressions linéaires réalisées. Cette étude met en évidence les habiletés de préparation scolaire nécessaires pour favoriser un bon rendement scolaire telles que les habiletés langagières et les prérequis scolaires. De plus, les résultats de l’étude rappellent l’importance de miser sur les forces des enfants, malgré leurs difficultés, pour favoriser leurs apprentissages.
Communication 2 : Différences entre les garçons et les filles d’âge préscolaire sur le plan des habiletés langagières : facteurs explicatifs de l’environnement familial
Par Brillele Verdie Jogo Guédia, Angélique Laurent et Gabrielle Garon-Carrier
Résumé de la communication : Ce projet s’appuie sur les recherches s’intéressant au développement langagier des filles et des garçons d’âge préscolaire (Eriksson et al., 2012) ainsi qu’à l’influence de l’environnement familial sur les habiletés d’éveil à l’écrit des enfants (Niklas et Schneider, 2017). Ses objectifs sont : 1) d’examiner les différences entre les garçons et les filles sur le plan langagier, en contrôlant pour la participation antérieure à un programme d’intervention, Ces Années Incroyables, dans un échantillon québécois et 2) d’examiner dans quelle mesure l’environnement familial explique les différences langagières entre les garçons et les filles. Ce projet s’inscrit dans une étude longitudinale où les familles participantes ont été évaluées à trois reprises : en janvier (T1, N=307, dont 118filles) et juin (T2, N= 213) précédant l’entrée en maternelle et un an plus tard alors que les enfants étaient en maternelle (T3, N= 144). Les parents ont rapporté le sexe de leur enfant au T1 et les enfants ont été évalués sur leurs habiletés langagières au T2 et au T3 (vocabulaire réceptif, connaissances des lettres et écriture). Les parents ont aussi rempli un questionnaire sur la qualité de l’environnement familial au T1 (stimulation, littéracie, au moyen du HOME). En contrôlant pour la participation antérieure au programme, les résultats des ANCOVA montrent que les filles ont un niveau d’habiletés langagières significativement plus élevé que les garçons. Des analyses de régressions linéaires multiples permettront d’examiner dans quelle mesure les facteurs de l’environnement familial expliquent les différences entre les garçons et les filles sur le plan des habiletés langagières. Pour les professionnels de la petite enfance, ces résultats mettent en lumière les différences entre les filles et les garçons sur le plan du développement langagier et permettront de mieux comprendre comment le contexte familial peut y contribuer. Ces résultats peuvent servir de levier pour l’accompagnement des parents afin de favoriser l’éveil à la lecture et à l’écriture de leurs enfants.
Communication 3 : Associations entre les compétences socioémotionnelles et l’anxiété chez les élèves du 2e et du 3e cycle du primaire : effet modérateur du sexe
Par Maryka Larouche, Danyka Therriault et Julie Lane
Résumé de la communication : Les troubles anxieux comptent parmi les troubles de santé mentale les plus fréquents chez les enfants (Berthiaume, 2017) avec des taux de prévalence estimés qui varient entre 2,9 % et 33 % chez les enfants et les adolescents québécois (Piché et al., 2017). Cependant, les compétences socioémotionnelles (CSÉ) pourraient contribuer à réduire le risque d’anxiété à l’enfance. En effet, la maîtrise de différentes compétences émotionnelles (écoute, compréhension, acceptation et expression) et les interactions positives avec les pairs sont associées à une diminution de l’anxiété (Etkin et al., 2022; Mathews et al., 2016). Ainsi, peu d’études ont examiné la contribution relative de plusieurs CSÉ et vérifié si l’impact des CSÉ sur l’adaptation, dont sur l’anxiété, était différent chez les garçons et les filles. L’objectif du projet est donc d’examiner les associations entre quatre CSÉ (habiletés de base, régulation émotionnelle, résolution de problèmes et relations interpersonnelles) et l’anxiété chez les élèves du 2e et du 3e cycles du primaire en s’intéressant à leurs contributions relatives et à l’effet modérateur du sexe. Au total, 1 431 enfants (54,6% de filles) âgés de 9 à 13 ans ont participé à l’étude. Les résultats montrent que les filles ont, en moyenne, un niveau d’anxiété plus élevé, mais aussi un niveau de régulation émotionnelle et d’habiletés de base plus élevé. De plus, des niveaux élevés sur les CSÉ résolution de problèmes, régulation émotionnelle et relations interpersonnelles sont associés à un niveau plus faible d’anxiété. Les analyses de modération montrent cependant que les associations entre la résolution de problèmes et l’anxiété, de même qu’entre la régulation émotionnelle et l’anxiété sont significatives seulement chez les filles.
Communication 4 : Troubles du comportement extériorisés à l’âge scolaire : la contribution du tempérament, des conduites parentales et de la relation entre l’enfant et la personne enseignante
Par William Gaudreau, Katherine Pascuzzo et Michèle Déry
Résumé de la communication : Les troubles du comportement extériorisés (TCE : p. ex. opposition, non-respect des règles, agressivité) représentent un des principaux motifs de consultation dans les services en santé mentale auprès des enfants d’âge scolaire (Kimonis et Frick, 2016). Les vulnérabilités tempéramentales de l’enfant, comme un niveau élevé d’affectivité négative et d’extraversion ou un faible niveau de régulation volontaire, sont connues comme étant associées au développement des TCE (Rothbart, 2011; Tackett et al., 2012). Ces vulnérabilités sont également des prédicteurs de conduites parentales adverses comme l’hostilité et la permissivité qui, à leur tour, peuvent exacerber le risque de TCE chez l’enfant (Granic et Patterson, 2006). Toutefois, à l’école primaire, la qualité de la relation entre l’enfant et la personne enseignante pourrait influencer ce processus. En utilisant un devis longitudinal, la présente étude a pour objectif d’examiner comment les conduites parentales d’hostilité et de permissivité au T3 (M âge de l’enfant = 10,29; ET = 0,95) expliquent l’association entre les vulnérabilités tempéramentales au T1 (M = 8,40; ET = 0,94) et les TCE au T4 (M âge = 11,29; ET = 0,94). Cette étude vise également à vérifier si ces associations varient selon la qualité de la relation entre l’enfant et la personne enseignante, mesurée au T3. Les résultats de l’analyse acheminatoire révèlent que l’hostilité et la permissivité parentale expliquent l’association entre certaines vulnérabilités tempéramentales et les TCE et que ces associations varient en fonction du niveau de proximité entre l’enfant et la personne enseignante. Les résultats suggèrent que la proximité entre l’enfant et la personne enseignante peut, dans certains cas, augmenter ou réduire le risque de développer des TCE. Ces résultats soulignent l’importance de soutenir les personnes enseignantes dans l’établissement d’une relation harmonieuse avec les enfants de leurs classes malgré leurs TCE, cette relation pouvant dévier les trajectoires développementales à risque de ces enfants.
Communication 5 : Les pratiques favorables à la réussite éducative et l’inclusion des élèves présentant un TSA au primaire selon le cadre multiniveau
Par Mélissa Hogan et Marie-France Nadeau
Résumé de la communication : Au Québec, la scolarisation des élèves présentant un trouble du spectre de l’autisme (TSA) est orientée par le courant de l’éducation inclusive qui préconise la scolarisation dans un cadre le plus normal possible (MEQ, 1999). Les caractéristiques de ces enfants, notamment sur le plan de la communication ou des comportements stéréotypés et des intérêts restreints, entraînent des besoins d’adaptation scolaire et sociale et des défis à y répondre pour les milieux scolaires qui les accueillent (Corneau et al., 2014; Poulin, Rousseau et Bourassa, 2020; Ruel, Poirier, et Japel, 2015). Les personnes enseignantes doivent jongler avec ce défi qui selon elles, est élevé et ardu en raison du manque de connaissances à l’égard du TSA, des pratiques inclusives efficientes en contexte de classe de même que du manque de ressources (Cappe et Boujut, 2016). Lors de cette présentation, des pratiques réputées efficaces à la réussite éducative des élèves présentant un TSA en classe ordinaire, identifiées lors d’une revue de littérature scientifique, seront analysées à la lumière du cadre de soutien multiniveau sous-jacent à l’éducation inclusive. Plus précisément, cette présentation permettra 1) de décrire les caractéristiques organisationnelles des pratiques répertoriées et 2) d’identifier les conditions qui facilitent ou limitent leurs applications en classe ordinaire. À la lumière des résultats, des pistes d’intervention à prioriser pour les milieux scolaires seront proposées afin de mieux soutenir le personnel enseignant et de promouvoir la réussite scolaire des élèves ayant un TSA.