Comment s’en sortent les jeunes en temps de pandémie ?

Juillet 2022

Ce texte fut rédigé dans le cadre du Concours de vulgarisation scientifique 2022 de l’Université de Sherbrooke.

Auteure : Anne-Marie Ducharme

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Les adolescents et adolescentes ont leur lot de défis engendrés par la pandémie et celle-ci leur aura couté cher. Les relations sociales avec les pairs, le développement identitaire et le besoin d’indépendance à l’adolescence occupent une place fort importante dans leur développement. Les restrictions sanitaires engendrées par la pandémie ont cependant engendré une coupure radicale dans leurs habitudes de vie : confinement à la maison, école à distance, arrêts des activités sociales et sportives de groupe, pour ne nommer que celles-ci. Ces changements soudains et imposés peuvent engendrer un stress important chez les jeunes et perturber leur bien-être psychologique. La pandémie pourrait même être qualifiée d’évènement potentiellement traumatique selon la chercheuse Catherine Laurier et son équipe à l’Université de Sherbrooke.  Alors, comment s’adaptent ces jeunes ? Que peut-on faire pour les soutenir dans leurs défis ?

Une adaptation difficile, marquée par la détresse psychologique  

La chercheuse et professeure en psychoéducation à l’Université de Sherbrooke Catherine Laurier et son équipe indiquent des taux de détresse psychologique importants chez les adolescents et adolescentes du Québec, en période de pandémie. Pendant les mois de juin et août 2020, à peine quelques semaines après la fin de la mesure de confinement, l’équipe de recherche a questionné 133 jeunes âgés entre 11 et 17 ans, recrutés par le biais des réseaux sociaux, sur leur expérience pendant la pandémie. Les adolescentes seraient les plus touchées, alors qu’elles présentaient des taux de dépression, d’anxiété et d’irritabilité plus élevés que les adolescents. Aussi, ceux et celles plus âgés présentaient davantage de symptômes anxieux que les plus jeunes. Considérant ces taux de détresse qualifiés d’alarmants par l’équipe de recherche, sur quoi peut-on miser pour assurer une meilleure adaptation chez les jeunes?

Favoriser les relations parent-enfant positives et la poursuite des activités physiques      

Les mesures sanitaires mises en place durant la pandémie ayant limité les liens sociaux avec les pairs, les chercheuses recommandent aux parents de miser sur la qualité de la relation avec leurs enfants afin de réduire la détresse associée au contexte pandémique. En effet, dans l’étude de la professeure Laurier et ses collègues, les jeunes rapportant une relation positive avec leurs parents avaient tendance à rapporter moins de détresse par rapport aux autres jeunes. Notamment, offrir l’espace aux jeunes pour s’exprimer ouvertement sur ce qu’ils vivent au quotidien, sur leurs craintes et frustrations par rapport à la pandémie et tenter de les accompagner dans les défis auxquels ils font face sont des moyens concrets proposés par les chercheuses afin d’assurer une relation positive.

Par ailleurs, parmi les jeunes qui pratiquaient des activités physiques avant la pandémie, ceux ayant continué d’être actifs pendant celle-ci démontraient significativement moins de symptômes dépressifs que ceux ayant adopté un mode de vie plus sédentaire. Les chercheuses expliquent que ces activités représentent un rare aspect sur lequel les jeunes ont pu garder le contrôle au cours de la pandémie. Il est dès lors important d’encourager les jeunes à poursuivre ces activités qui sont bénéfiques à leur bien-être.

Remercier les jeunes pour leurs efforts  

L’étude de la professeure Laurier et ses collègues met en évidence les difficultés vécues par les jeunes en temps de pandémie et les efforts remarquables qu’ils doivent faire pour s’ajuster. Il convient donc de reconnaitre ces efforts et de remercier les jeunes pour ceux-ci. Pour mieux accompagner l’ensemble des jeunes dans cette expérience qui se révèle bouleversante pour leur santé psychologique, il serait intéressant, pour la suite, d’identifier des aspects supplémentaires sur lesquels miser auprès de jeunes dont les relations sont plus difficiles avec leurs parents ou auprès de ceux pour qui le sport ne représente pas un intérêt significatif. Par exemple, peut-être que la poursuite des activités artistiques chez les artistes aurait le même effet positif que la poursuite des activités sportives chez les adeptes du sport?

 

 

Référence de l’article scientifique sur lequel porte ce texte de vulgarisation :

Laurier C, Pascuzzo K et *Beaulieu G. (2021). Uncovering the personal and environmental factors associated with youth mental health during the COVID-19 pandemic: The pursuit of sports and physical activity as a protective factor. Traumatology, 27(4), 354-364. doi: 10.1037/trm0000342

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