Symposium C : Vision écologique des forces et de la résilience des jeunes présentant des difficultés d’adaptation

 

Responsable du symposium : Sophie Couture

Résumé du symposium : Dans le cadre de ce symposium, les résultats d’études s’intéressant à la résilience de jeunes femmes ayant été hébergées en centre de réadaptation, de jeunes fugueurs hébergés en centre de réadaptation et de jeunes auteurs d’infractions criminelles (ou à risque de l’être) seront d’abord présentés. En se concentrant sur la résilience, ces études exploreront les différents systèmes (individuel, familial, communautaire, institutionnel) qui favorisent le développement de résultats positifs dans la vie de ces jeunes, et ce, malgré la présence d’adversité (van Breda, 2018). Afin de proposer des pistes d’intervention visant la résilience, une discussion suivra sur les différents facteurs de protection recensés entre les trois études. À la lumière des constats proposés, les personnes participantes au symposium seront invitées à discuter des facteurs de protection à mettre de l’avant dans leur pratique clinique. 

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Communication 1 : Vision écologique des forces et de la résilience des jeunes femmes ayant été suivies en protection de la jeunesse

Par Katherine Pascuzzo, Nadine Lanctôt, Geneviève Paquette et Clara Longpré

Résumé de la communication : Bien que les connaissances sur l’adaptation des jeunes femmes ayant connu un placement en centre de réadaptation à l’adolescence se raffinent, elles demeurent parcellaires. Les études antérieures ont surtout documenté des indicateurs factuels de leurs difficultés d’adaptations (p. ex. vulnérabilité économique, délinquance [Cameron et al., 2018; Gypsen et al., 2017]) ainsi que leurs expériences de maternité précoce (Couvrette et Lanctôt, 2017). Peu d’études reposent sur un devis longitudinal qui s’étale au-delà de la période de jeune adulte et peu se penchent sur les facteurs de protection ayant contribué à leur fonctionnement adaptatif en contexte d’adversité. Ainsi, la présente étude vise à examiner l’influence des relations avec des figures significatives à l’adolescence (qualité de la relation avec les parents, les pairs et les personnes éducatrices) et à la période du jeune adulte (qualité du soutien social) sur la résilience de ces femmes à l’âge adulte. Pour répondre à cet objectif, un échantillon de 45 femmes (M âge = 28 ans) ayant connu un placement en centre de réadaptation à l’adolescence a été ciblé. Les résultats préliminaires montrent qu’un meilleur soutien affectif offert par les personnes significatives de l’entourage à la période de jeune adulte est associé à une résilience globale plus élevée à l’âge adulte. Cet effet est observé en contrôlant pour les effets des relations à l’adolescence ayant également montré un lien positif avec la résilience à l’âge adulte. La dimension interpersonnelle étant une partie intégrante de l’adaptation positive (Southwick et al., 2014), offrir des programmes et des interventions visant la promotion des relations interpersonnelles de qualité avec la famille, les pairs et la communauté afin de favoriser la résilience chez les femmes ayant un parcours de placement en centre de réadaptation à l’adolescence seraient à privilégier.

 

Communication 2 : Vision écologique des forces et de la résilience des jeunes fugueurs et fugueuses en centre de réadaptation

Par Sophie Couture, Catherine Laurier, Maxime Durette, Ariane Montminy, Nadine Lanctôt et Geneviève Parent

Résumé de la communication : Pour combler leurs besoins développementaux (p. ex. autonomie) et fuir les situations difficiles vécues en centre de réadaptation (p. ex. injustices perçues), certains jeunes décideront de fuguer, c’est-à-dire de quitter volontairement et sans autorisation leur centre. Pour diminuer la gravité de ces fugues, les pratiques d’intervention s’attèlent principalement à réduire leurs facteurs de risque. Toutefois, certaines pratiques d’intervention délaissent cette approche axée sur les facteurs de risque et visent plutôt à renforcer les facteurs de protection chez ces jeunes (Clark et al., 2008). À ce jour, les connaissances portant sur les leviers d’intervention à encourager chez les jeunes fugueurs hébergés en centre de réadaptation demeurent lacunaires. La présente étude vise donc à cibler les facteurs de protection (individuels, environnementaux et interactionnels) qui distinguent les jeunes fugueurs à risque selon l’âge de la première fugue, la fréquence et la durée des fugues. Pour répondre à cet objectif, de jeunes fugueurs et fugueuses (14-17 ans) hébergés en centre de réadaptation (n = 35) ont répondu à une série de questionnaires et ont participé à des entrevues. Les résultats préliminaires soulignent que les facteurs de protection varient grandement selon les caractéristiques considérées pour la gestion du risque, soit l’âge de la première fugue, la fréquence et la durée des fugues. Par exemple, les jeunes ayant commencé à fuguer plus tard dans leur vie présentent davantage de sentiments de sécurité envers leur communauté et d’ingéniosité que les autres fugueurs. Il s’avère donc important de miser sur les forces et les capacités adaptatives des jeunes fugueurs et fugueuses hébergés en centre de réadaptation afin de réduire la gravité de leur fugue. Enfin, offrir un environnement visant la promotion du sentiment de sécurité envers la communauté, de l’ingéniosité et des activités prosociales pourrait favoriser la résilience chez ces jeunes hébergés en centre de réadaptation.

 

Communication 3 : Vision écologique des forces et de la résilience des adolescents auteurs d’infraction

Par Marie-Pierre Villeneuve

Résumé de la communication : La délinquance à l’adolescence demeure un problème social préoccupant, et ce, bien que le taux de criminalité des Canadiens de 12 à 17 ans suive une tendance générale à la baisse depuis plusieurs années (Allen et Superle, 2016). Plusieurs facteurs d’ordres individuel, familial et social augmentent la probabilité qu’une personne commette au moins une infraction à l’adolescence : une tendance accrue à l’impulsivité, des difficultés de régulation émotionnelle, l’exposition à des événements potentiellement traumatiques (p. ex. maltraitance, être témoin de violence), des problèmes de santé mentale, une consommation problématique de substances psychoactives, une affiliation à des pairs présentant des comportements de délinquance ou encore le faible statut socioéconomique de la famille (Assink et al., 2015; Baglivio et al., 2015; Mulder et al., 2019; Schubert et al., 2018; Van Hazebroek, 2019). Comme la plupart des études se concentrent sur les difficultés adaptatives de ces jeunes et les facteurs de risque auxquels ils sont exposés, les processus de sortie de la délinquance (désistement) sont très peu documentés. Pour pallier cette lacune, la présente communication fait ressortir les capacités adaptatives de ces jeunes et les ressources de leur environnement. Pour ce faire, l’état actuel des connaissances sur les facteurs individuels et environnementaux (familiaux, communautaires, institutionnels) les plus fortement associés au désistement de la délinquance à l’adolescence est d’abord présenté. Ensuite, la présence de facteurs potentiellement favorables au désistement est examinée dans les dossiers de jeunes judiciarisés (n = 26). Finalement, des leviers d’intervention sont discutés dont l’importance de miser sur les forces et les capacités adaptatives des jeunes auteurs d’infraction (ou à risque de l’être). De plus, offrir des programmes de prévention et d’intervention visant la promotion de relations interpersonnelles de qualité avec la famille, les pairs et la communauté afin de favoriser la résilience des adolescentes et des adolescents auteurs d’infractions est mis en lumière.