Symposium B : Impact des placements et des services scolaires complémentaires d’aide sur les parcours des jeunes qui ont des troubles du comportement

 

Responsable du symposium : Michèle Déry

Résumé du symposium : Ce symposium se centre sur les résultats de l’Étude longitudinale sur les troubles du comportement des filles et des garçons se rapportant aux placements et à l’impact des services scolaires complémentaires sur le parcours des élèves suivis pour des troubles de comportement. À partir de méthodes quantitatives et qualitatives, le symposium exposera les effets positifs et, aussi, possiblement iatrogènes des services reçus par les jeunes, dont la ségrégation et la stigmatisation. En permettant, entre autres, de dégager des éléments des contextes éducatifs et sociaux à cibler pour améliorer les services, ces résultats trouvent leur application principalement dans l’organisation et la prestation des services. Ils veulent aussi susciter une réflexion sur la pertinence des placements restrictifs et l’adéquation des services compte tenu de la nature des difficultés des jeunes et de leur genre, mais aussi sur les attitudes des personnes intervenantes et des pairs à l’égard des jeunes qui reçoivent ces services. 

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Communication 1 : Les services scolaires offerts au primaire pour réduire les troubles du comportement : pour quelles difficultés des filles et des garçons sont-ils efficaces ?

Par Stéphanie Boutin, Vincent Bégin, Caroline E. Temcheff, Martine Poirier et Michèle Déry

Résumé de la communication : Pour les jeunes enfants qui ont des troubles du comportement, l’école demeure le principal endroit, et parfois même le seul endroit, où ils recevront de l’aide pour leurs difficultés (Georgiades et al., 2019). Il est donc important de s’assurer que les services reçus au cours du primaire soient adaptés à la nature et à la sévérité de leurs difficultés et qu’ils contribuent à les réduire dans le temps (Kulkarni et Sullivan, 2019). L’objectif de cette étude longitudinale est d’examiner l’effet des services complémentaires d’aide reçus à l’école primaire par les élèves qui ont des troubles du comportement (TC), à partir de l’évolution, sur cinq années, de leurs TC proprement dits (bris de règles, agression physique, intimidation), mais aussi de leurs conduites d’agression indirecte et de leurs traits antisociaux. L’étude examine également les différences entre les garçons et les filles dans ces associations. Les 434 élèves (44,7 % de filles) qui ont participé à l’étude ont été sélectionnés dans 155 écoles publiques de 8 commissions scolaires du Québec. Ils étaient âgés de 6 à 9 ans et présentaient tous des TC à l’entrée dans l’étude. Les résultats montrent, tout d’abord, que la réception des services au fil des années est reliée à la sévérité des TC des élèves tels qu’évalués par le personnel enseignant et les parents. L’adéquation entre la réception des services et le niveau de TC est cependant plus forte chez les garçons que chez les filles. En ce qui a trait à l’impact des services, les résultats montrent que la réception des services complémentaires d’aide est associée à la diminution des TC dans le temps, mais que cet effet n’est observable que chez les garçons. Les services offerts pour les TC n’ont que peu d’impact sur la diminution des niveaux de traits antisociaux des filles ou des garçons et ils ne sont pas reliés à l’évolution de leurs conduites d’agression indirecte. Dans l’ensemble, les résultats de l’étude indiquent que les services scolaires d’aide pour les TC sont offerts aux enfants qui en ont le plus besoin. Cependant, ils suggèrent aussi qu’une attention accrue devrait être portée aux aspects des TC qui sont moins directement observables, comme les traits sous-jacents à ces troubles ou les conduites d’agression indirecte. 

Principales recommandations pour la pratique : Dans l’ensemble, les résultats de l’étude révèlent que les services scolaires d’aide pour les TC sont offerts aux enfants qui en ont le plus besoin. Cependant, ils suggèrent aussi qu’une attention accrue devrait être portée aux aspects des TC qui sont moins directement observables, comme les traits sous-jacents à ces troubles ou les conduites d’agression indirecte, ces dernières étant souvent privilégiées par les filles au lieu des conduites d’agression directe, comme l’agression physique ou l’intimidation. Il peut donc s’avérer important d’évaluer ces caractéristiques reliées au TC et d’en tenir compte dans les plans d’intervention. 

 

Communication 2 : Le placement scolaire du primaire au secondaire et la réussite scolaire des élèves suivis pour un trouble du comportement

Par Gabrielle Garon-Carrier, Alexa Martin-Storey, Mélanie Lapalme, Caroline Fitzpatrick et Michèle Déry

Résumé de la communication : Les élèves qui ont un trouble du comportement sont à risque de difficultés sur le plan scolaire (Kremer et al., 2016). Pour les aider, ils peuvent recevoir des services, en classe ordinaire ou en classe spéciale, qui visent à répondre à leurs besoins éducatifs, à faciliter leur participation à l’école et à augmenter leurs chances d’obtenir un diplôme d’études secondaires (Chesmore et al., 2016). Dans cette étude, des trajectoires de placement scolaire ont été établies pour 302 enfants qui recevaient des services de soutien en classe ordinaire ou spéciale du T1 (M = 8,46 ans) au T8 (M = 15,35 ans). Cinq trajectoires ont été identifiées sur la base du nombre de placements en classe spéciale : sans placement en classe spéciale (42,1 %), placement persistant (11,9 %), placement tardif (19,9 %), réintégration en classe ordinaire (18,5 %), et placement temporaire (7,6 %). Le niveau d’éducation de la mère, les comportements extériorisés de l’enfant, le vocabulaire réceptif et le rendement scolaire distinguent la plupart des trajectoires de placement scolaire. Cependant, le rendement scolaire tel qu’évalué par la personne enseignante est le seul prédicteur permettant de distinguer les enfants sans placement en classe spéciale des quatre autres groupes. Les résultats montrent aussi que les élèves ayant vécu un placement persistant ou un placement tardif sont plus susceptibles de décrocher de l’école que les élèves sans placement. Les élèves ayant vécu un placement temporaire ou une réintégration en classe ordinaire, quant à eux, sont sur une bonne voie de poursuite scolaire, tout comme ceux sans placement. Ces résultats suggèrent de renforcer les habiletés scolaires pour limiter le risque de placement et de prioriser autant que possible les services offerts en classe ordinaire. 

Principales recommandations pour la pratique : Ces résultats suggèrent de renforcer les habiletés scolaires pour limiter le risque de placement et de prioriser autant que possible les services offerts en classe ordinaire (sans placement) pour limiter le risque de décrochage scolaire des élèves qui ont un trouble du comportement. Ces recommandations seront alimentées par une discussion autour des politiques éducatives, de l’organisation scolaire, des services spécialisés et du soutien offert en classe au personnel enseignant.  

 

Communication 3 : Attitudes à adopter en contexte d’intervention auprès des jeunes ayant un trouble du comportement pour améliorer leurs relations dans les écoles

Par René-Marc Lavigne, Alexa Martin-Storey, Jean-Pascal Lemelin et Michèle Déry

Résumé de la communication : Les conséquences individuelles, psychosociales et scolaires associées aux troubles du comportement (TC) sont nombreuses. Les jeunes qui ont des TC sont particulièrement vulnérables à la délinquance, à la toxicomanie, au pauvre rendement scolaire et aux symptômes dépressifs (Bevilacqua et al., 2018, Marsh, 2016). La stigmatisation relative à l’utilisation de services de soutien en santé mentale dans les écoles peut entraîner la réticence chez les jeunes à recevoir des services de soutien scolaire (Chan et Quinn, 2012, Radez et al., 2021). Réalisée à partir de la méthode qualitative de l’analyse thématique, l’étude proposée vise à mieux comprendre les expériences relationnelles de jeunes adultes (N = 41) ayant reçu des services pour des TC à l’école primaire et secondaire. Les résultats exposent différents thèmes telles les formes de stigmatisation auxquelles sont exposés ces jeunes, mais aussi leurs expériences de compassion ainsi que leurs effets individuels et interpersonnels. Ces résultats soulignent l’importance de sensibiliser les actrices et acteurs du milieu scolaire primaire et secondaire aux conséquences du stigma chez les jeunes ayant des TC dans le but d’optimiser leurs postures d’intervention et l’efficacité des services. 

Principales recommandations pour la pratique : 

  • Encourager les comportements d’engagement proactif chez les jeunes relatifs à leurs services. Par exemple, amorcer des demandes d’aide ponctuelles au besoin. 
  • Offrir de l’écoute et de l’empathie même si cela dépasse le cadre de la description de tâche de la personne professionnelle. 
  • Offrir des ressources de soutien professionnel psychologique ou psychosocial aux jeunes en dehors du contexte des rencontres scolaires (si cela n’est pas possible par les personnes intervenantes).