Au coeur du GRISE – un entretien avec Katherine Pascuzzo
Chaque mois, nous vous proposons une incursion au coeur du Groupe de recherche et d’intervention sur les adaptations sociales de l’enfance (GRISE), par le biais d’un entretien avec un de nos membres chercheurs. Ce mois-ci, nous avons discuté avec Katherine Pascuzzo, qui est professeure adjointe au département de psychoéducation de l’Université de Sherbrooke et membre chercheur régulier du GRISE.
La relation d’attachement parent-enfant
C’est à l’occasion d’une première expérience en recherche, au sein d’un laboratoire sur les relations interpersonnelles à l’Université McGill, que s’ancrent les intérêts de recherche de Katherine. Cette expérience a déclenché chez elle un désir profond d’identifier et de mieux comprendre les facteurs qui permettent d’expliquer pourquoi certains jeunes adultes vivent des relations harmonieuses avec leurs proches alors que d’autres vivent des difficultés interpersonnelles importantes. Ses intérêts l’ont ainsi amenée à entamer des études doctorales à l’UQAM, où elle s’est intégrée dans la réalisation d’un projet longitudinal qui lui permit de trouver des réponses à ses questionnements.
Spécifiquement, dans le cadre de sa thèse de doctorat, Katherine s’est intéressée à l’influence de la qualité de la relation avec les parents à l’adolescence sur la qualité des relations amoureuses à la période jeune adulte. Ses résultats mettront en lumière ce qui deviendra le centre de son expertise : la relation d’attachement parent-enfant comme déclencheur important des trajectoires développementales empruntées par les adolescents et adolescentes en transition vers l’âge adulte.
Curieux.se d’en savoir plus ? Katherine discute de la relation d’attachement parent-adolescent.e dans cet épisode d’Adaptation, le balado du GRISE :
Se sentir sécure ; le besoin d’attachement des adolescent.e.s
Intervenir sur la qualité des relations à l’adolescence
Ces résultats, étant les premiers à montrer les répercussions des représentations d’attachement insécurisant envers les parents à l’adolescence sur l’adaptation des jeunes adultes 10 ans plus tard, ont poussé Katherine à s’interroger sur l’influence que pourraient avoir différentes figures significatives dans la vie des jeunes. Car si la relation parent-enfant est si importante pour le développement, qu’arrive-t-il aux jeunes placés en centre de réadaptation, qui ont des contacts limités avec leurs parents ? À cet égard, Katherine évalue présentement l’efficacité d’un outil psychoéducatif centré sur l’attachement, destiné aux personnes éducatrices œuvrant auprès des jeunes adolescents hébergés dans un centre de réadaptation. Cet outil, développé par le Centre de formation du Regroupement Universitaire Intégré pour la Jeunesse (RUIJ) et le CIUSSS-CSMTL, vise à soutenir les personnes éducatrices dans l’identification et la mise en œuvre de réponses sensibles aux besoins des jeunes qu’elles accompagnent. Cet outil mise ainsi sur la qualité des relations qu’entretiennent les personnes éducatrices avec ces jeunes.
Et une fois ces jeunes devenus parents, comment ça se passe ?
Katherine s’intéresse aussi à mieux comprendre comment les individus qui connaissent un parcours plus difficile à l’adolescence s’adaptent à la vie adulte et à leur rôle parental, ainsi qu’à savoir comment s’adaptent et se développent leurs propres enfants. Elle tente de répondre à ces questions dans le cadre de son projet auprès de femmes ayant été hébergées dans un centre de réadaptation à l’adolescence et de leurs jeunes enfants.
La relation parent-enfant, un facteur de protection en temps de pandémie
Katherine adapte aussi ses questions de recherche selon le contexte pandémique actuel. Chez la population adolescente, les restrictions sanitaires imposées ont largement limité les opportunités d’interactions sociales et de développement de relations interpersonnelles à l’extérieur du noyau familial. Vu la centralité de ces relations à l’adolescence, Katherine ne pouvait passer à côté de la nécessité d’explorer comment s’adaptent les adolescents et adolescentes dans ce contexte de pandémie et d’examiner si la relation avec les parents peut agir à titre de facteur de protection. Les premiers résultats de ce projet en cours viennent de paraitre et confirment le rôle protecteur de la sécurité d’attachement aux parents sur l’adaptation des jeunes.
Des retombées concrètes pour l’intervention
Outiller et soutenir adéquatement les adultes qui jouent un rôle significatif dans la trajectoire développementale des jeunes, autant les parents que les personnes éducatrices, est une cible importante des travaux de Katherine.
« Ce qui m’anime le plus, c’est quand je parle avec des personnes éducatrices ou avec des parents qui ont suivi différents programmes d’intervention qui ciblent la relation avec les jeunes, et qu’ils me disent : Je n’avais pas réalisé à quel point j’avais un impact sur la vie de cet adolescent. Pour moi, c’est ce que je retiens. C’est important pour moi qu’on souligne le rôle de ces figures significatives et qu’on leur permette de voir qu’elles ont encore un rôle important à jouer auprès des jeunes, même à l’adolescence. C’est quelque chose qui alimente beaucoup mes réflexions, mes questionnements et mes projets. »
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Propos mis en texte par Anne-Marie Ducharme, étudiante au doctorat en psychoéducation et membre étudiante du GRISE.