Changements identitaires et désistement de la délinquance grave ou persistance au début de l’âge adulte : point de vue de jeunes adultes sur l’influence des interactions sociales dans le développement et l’actualisation d’une vision positive de soi et de son avenir
Chercheur.e principal.e :
Marie-Pierre VilleneuveÉtat du projet :
En coursDates :
mai 2023 - avril 2026Résumé :
De 35% à 40% des personnes dont la délinquance est grave ou persistante à l’adolescence continuent de commettre des délits au début de l’âge adulte. Par ailleurs, 40% à 65% des jeunes adultes sous la responsabilité des services correctionnels récidivent dans les deux ans suivant la fin de leur peine. Cependant, un nombre limité d’études s’intéresse au désistement de la délinquance grave ou persistante lors de la transition à l’âge adulte, soit au processus par lequel une personne cesse de commettre des délits, intériorise une identité positive, adopte un mode de vie prosocial et développe un sentiment d’appartenance envers sa communauté. Un consensus émerge dans les écrits scientifiques concernant la place centrale qu’occupent les changements identitaires dans ce processus, c’est-à-dire le développement graduel d’une vision positive de soi et de son avenir, incompatible avec la délinquance. Or, pour les personnes ayant commis des délits graves ou de façon persistante, se désister de la délinquance serait particulièrement difficile lors de la transition à l’âge adulte. Cette recherche a donc pour objectif général de mieux comprendre comment les changements identitaires influencent le processus de désistement de la délinquance grave ou persistante au début de l’âge adulte. Proposant une approche théorique novatrice, intégrant les quatre profils de développement identitaire à l’âge adulte (intégré, en moratoire, dépossédé, diffus; Schwartz et al., 2015) à la théorie identitaire du désistement de Paternoster et al. (2015), cette recherche propose une méthodologie qualitative afin de comprendre, spécifiquement, : 1) comment les perceptions de soi et de son avenir de jeunes adultes engagés dans un processus de désistement de la délinquance grave ou persistante se construisent, 2) comment les interactions sociales influencent le développement des perceptions positives de soi et de son avenir et 3) comment ces perceptions s’actualisent. Des entretiens semi-dirigés (n=30) seront réalisés avec des personnes de 18 à 25 ans ayant commis des délits graves (avec violence, liés aux armes à feu ou à la drogue) ou de façon persistante (plus de 2 occurrences) à l’adolescence et qui sont désormais engagées dans un processus de désistement (absence de délit depuis au moins 3 mois). Les entretiens permettront d’examiner en profondeur les perceptions qu’ont ces personnes de leur situation actuelle, de leur avenir et de leurs aspirations, ainsi que des coûts et bénéfices de la criminalité, en plus d’explorer les actions qui contribuent à l’actualisation de la vision de soi, les contraintes et opportunités perçues, puis l’influence des relations sociales. Les données seront analysées en suivant les principes de la méthode générale inductive (Thomas, 2006), qui permettra de tracer des liens clairs entre les questions de recherche et les propos recueillis, en plus de proposer un modèle conceptuel pour expliquer comment les changements identitaires influencent le désistement de la délinquance grave ou persistante au début de l’âge adulte. En plus de ses retombées empiriques et théoriques, ce projet contribuera à enrichir la réflexion autour des pratiques professionnelles visant à soutenir le désistement de la délinquance des jeunes adultes et, ultimement, à assurer la protection du public.
Organisme.s subventionnaire.s :
Fonds de recherche du Québec – Société et Culture (FRQSC) - Soutien à la recherche pour la relève professorale