Étude du risque suicidaire chez des jeunes contrevenants masculins: caractéristiques différentielles des adolescents les plus à risque

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Référence

Laurier C, Chagnon F. (2011). Étude du risque suicidaire chez des jeunes contrevenants masculins: caractéristiques différentielles des adolescents les plus à risque. Revue de psychoéducation. 40(2): 191-216.


Résumé

Les jeunes contrevenants représentent une population particulièrement à risque de comportements suicidaires (tentatives et suicides complétés). La littérature à ce sujet révèle que plusieurs facteurs, telles la violence et l’instabilité familiale, sont associés tout autant au risque suicidaire qu’au risque de délinquance. En outre, certaines caractéristiques associées au mode de vie délinquant, tels le port d’armes et la consommation de substances, contribuent à amplifier le risque de passage à l’acte suicidaire. À l’inverse, la délinquance entraîne des conséquences pouvant exacerber le risque suicidaire : ruptures relationnelles ordonnées par le tribunal, incertitudes liées aux problèmes légaux et l’hébergement en centres pour jeunes contrevenants en constituent des exemples. Dans ce contexte, les résultats d’une étude portant sur le risque suicidaire chez des jeunes contrevenants pris en charge par le Centre jeunesse de Montréal – Institut universitaire sont présentés dans cet article. Cette étude de nature quantitative a inclus 49 jeunes contrevenants sous la Loi sur le système de justice pénale pour adolescents. Les analyses révèlent que 37,6 % des jeunes rencontrés présentent un risque suicidaire. Une analyse en grappes (cluster analysis) a ensuite permis la création de deux groupes de jeunes contrevenants : le premier comprend des adolescents (n=20) présentant de mulitples difficultés psychologiques (groupe multirisque) et le second (n=28) regroupe des adolescents qui en présentent moins (groupe faible risque). Ces groupes sont décrits en fonction de leurs caractéristiques associées, permettant l’ébauche d’une classification distinguant les jeunes contrevenants les plus à risque et les moins à risque de présenter des difficultés psychologiques, dont un risque suicidaire. Par l’étude des différences entre ces deux groupes, il est possible de dégager les facteurs les plus susceptibles d’influencer le risque suicidaire. Finalement, la prévalence du trouble de stress post-traumatique (TSPT) est observée plus spécifiquement selon les deux groupes précédemment créés. Les jeunes du groupe multirisque présentent significativement plus fréquemment un TSPT que les jeunes du groupe faible risque malgré une prévalence comparable des traumatismes vécus par les individus des deux groupes. En conclusion, cette étude a permis de dresser un portrait des adolescents les plus à risque de suicide parmi un groupe de jeunes contrevenants. Par la mise en lumière d’une problématique associée caractérisée par des difficultés psychologiques multiples et multifactorielles, cette étude souligne l’importance d’une prise en charge et d’un traitement global des jeunes contrevenants, incluant les aspects psychologiques et les expériences passées.


DOI