Prédicteurs de l’évolution des pratiques éducatives de parents ayant une addiction à l’alcool ou aux drogues au cours d’un programme entraînement aux habiletés parentales

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Référence

*Côté-Dion C-M, *Gagnon J-L, Letarte M-J, *Garneau M, Laventure M. (2022). Prédicteurs de l’évolution des pratiques éducatives de parents ayant une addiction à l’alcool ou aux drogues au cours d’un programme entraînement aux habiletés parentales. Psychotropes. 28. 165-190.


Résumé

Cette étude vérifie si différentes caractéristiques des parents et de leur famille prédisent l’évolution de la supervision, de la discipline et de la chaleur ou affection, chez des parents ayant une addiction à l’alcool ou aux drogues, au cours de leur participation au programme d’entraînement aux habiletés parentales (PEPH) Cap sur la famille (Laventure et al., 2018). L’échantillon est composé de 29 parents ayant une addiction à l’alcool ou aux drogues ayant un enfant âgé entre 6 et 12 ans. Les résultats des régressions linéaires à rebours montrent que l’âge, l’état de santé psychologique (anxiété et irritabilité) et le problème de consommation des parents prédisent l’évolution de leurs pratiques chaleureuses au cours du PEHP. Les résultats montrent que l’anxiété prédit 15,2 % de la variance de l’évolution de la supervision lacunaire. Plus le parent présente un état psychologique anxieux avant le programme, moins il améliore sa supervision durant le programme. Le niveau d’irritabilité du parent, évalué avant le programme, prédit une diminution de sa discipline inconstante et explique 10,4 % de la variance. Ainsi, plus le parent est irritable à l’entrée au programme, plus il améliore la constance de ses pratiques disciplinaires au terme du programme. Au niveau de la chaleur-affection, les résultats indiquent que l’âge des parents, la présence d’un risque de consommation problématique et l’irritabilité mesurées avant le programme en prédisent l’amélioration. En effet, plus les parents sont jeunes, plus ils ont tendance à devenir plus chaleureux et affectueux. Les parents plus irritables en début de programme et ceux qui présentent une consommation d’alcool et de drogue à risque s’améliorent également davantage à ce niveau. Le modèle de régression comprenant ces trois caractéristiques parentales explique 52,9 % de la variance de la chaleur ou affection au cours du programme. Considérant que l’addiction est le problème de fonctionnement le plus souvent relevé chez les parents faisant preuve de mauvais traitements envers leurs enfants (Léveillé et al., 2007), qu’elle peut affecter la qualité de ses pratiques éducatives (Bertrand et al., 2007) et occasionner des conséquences néfastes chez les enfants (Dunn et al., 2002), les résultats militent en faveur de l’implantation de PEHP comme Cap sur la famille (Laventure et al., 2018) auprès des parents ayant de tels problèmes.